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Affichage des articles du juin, 2025

Trajet séraphique

Le navire broute les nuages, Lait des cieux sublimes, crémeux, Nous voguons sur cette mer d’écume laiteuse, Contournant le pâturage céleste, Tandis que l’œil du cyclope s’éteint, S’éteint en flambant, fermant sa paupière obscure.   Le lait de coton, ou coton de lait, Se noircit, il devient bleu comme du charbon.   La lumière nous brûle l’iris, La lumière nous perce les tympans, Mais, comme le reste, passe sous notre regard.   Je vois les montagnes souterraines, Les collines du Très-Haut, d’azur, De l’ici-bas on ne voit que des miniatures.   Odeur toute savoureuse de l’Aurore, Qui déroule en bas sa langue étoilée ; L’Angélus tremblant dans mes yeux Arrose le ciel sans que je ne le voie.   Je sens, là-dessous, au-delà des nuages, Je sens me traverser les épines roses, Ô ronces de l’Angélus qui s’abreuve de sang (Mais je lui donnerais volontiers le mien, encore, Jusqu’à ce que cette éternité ne meure). 2022.

La plume et la gangrène. Poèmes sur l'Ukraine et la Palestine

  « Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie », disait Albert Londres sur le rôle du journaliste. Et le poète ? Doit-il poursuivre son jeu et se détourner de ce que le réel a de pire ? L’heure n’est aujourd’hui plus à la plaie, l’heure est à la gangrène, avec ce pus de haine qui aveugle les autres ; mais l’heure est toujours à la plume.  Ces poèmes n’ont rien de travaillés, mais ils sont de la sorte plus sincères, et comme des cris dans un monde devenu presque sourd.  L’Ukraine saigne I L’Ukraine saigne, a saigné, On a ouvert son ventre de blé. Et dans sa poche pleine de sang, Cris et larmes d’un sanglot de douleur, Les gouttes pleuvent depuis les épis rouges, Transpercent la terre émue et acre, Qui ne dort plus, hélas, ne dormira pas Avant que les chars, avant que les bombes, Ne quittent les paysages de son monde. II Il y a une fille dissimulée sous les volutes De la ...