La décade des solitudes

 Pour quelle raison, mes vieux anges enterrés,

Vos pas clairsemés dans le sable décennal

S’estampent-ils sur nos chemins blancs comme neige ?

 

Les années demeurent des solitudes,

Pelés, nus sont les cyprès de l’enfance,

Perché sur le promontoire des siècles,

Vos visages de lumière sourient !

 

Mais ces mille soleils sont des lueurs de rêve,

Et le paysage enneigé des terres plates

Perdure quand bleuit l’aurore de l’été.

 

Les années demeurent des solitudes ;

Les offices, dégoulinant d’encens

Et de nos souhaits creusés dans l’oubli,

Ne sont que des calvaires ajournés.

 

Une question, ô menhirs de nos mémoires :

Rêvassez-vous dessous la ligne d’horizon ?

Soyez lunaires, jusqu’à notre propre songe.

 

Les années demeurent des solitudes,

Vous entendez vos rires et vos joies,

Vous vous écoutez chanter, bavasser,

Et vous dormez bien sans dormir jamais !


Âmes damnées ! Qu’entendons-nous ? Qu’écoutons-nous ?

Dormons-nous seulement sans pleurer, sans gémir,

Une fois vos tristes cercueils clos sous nos pieds ?

 

Les années demeurent des solitudes,

Nos cœurs débordent du vide béant

Qu’ont laissé vos souvenirs floconneux,

La poussière rose de vos baisers.

 

Bien que les années demeurent des solitudes,

Vos rires anciens sont le miel de notre cœur,

Vos sourires traversent l’espace et le temps

Pour épouser nos grises douleurs si lointaines...


2025.

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